Biométrie: une petite révolution dans le monde des Tests Utilisateurs ?

Si comme moi, vous vous intéressez à la biométrie et aux innovations dans le champs de l’UX Research, vous êtes peut-être tombé sur cette nouvelle fracassante : l’Eartracking, soit la technologie d’analyse des micromouvements de l’oreille arriverait comme un game changer dans le domaine des tests utilisateurs.

Passé la surprise et un coup d’œil à la date de publication (1er Avril 2019) j’ai conclure à un canular. Mais cette bonne blague du Nielsen Normal Group nous apprend quelque chose d’intéressant sur notre métier. En tant qu’UX designers, nous passons une bonne partie de nos journées devant un écran à concevoir, créer ou tester des produits digitaux. Nous avons un logiciel dédié à quasiment chaque partie de notre travail. Dans nos vies personnelles, la plupart d’entre nous sont également entourés de services digitaux. Pourtant quand nous sommes en situation de conduire des tests utilisateurs, il est presque surprenant que nos principaux outils - les traditionnels papier et stylo – aient aussi bien résisté dans le temps. Cependant, tout n’est pas statique dans ce domaine. Signe des temps, de plus en plus d’entreprises n’hésitent plus à proposer comme outils d’UX Research des technologies biométriques qui étaient autrefois cantonnées au monde de la recherche. Afin de se faire une idée de la palette d’outils dont nous pourrions disposer à l’avenir et nous plonger dans ce qui pourrait devenir le futur de notre métier, je vous propose un tour d’horizon des appareils issus de la biométrie et qui pourraient être réemployés en situation de test.


Biométrie et Tests Utilisateurs : quelles solutions ?

Suivi du regard

L’Eye Tracking est probablement la méthode la plus connue et la plus utilisé en test utilisateur. En suivant le regard de vos utilisateurs vous serez en mesure de vérifier ce qu’ils voient à mesure qu’ils naviguent dans un test. Deux technologies d’Eye Tracking cohabitent actuellement : « le screen-based » et la méthode dite « real word ». Pour les tests utilisateurs sur desktop, je recommande d’employer la méthode « screen-based ». Si vous réalisez des tests sur smartphone, les deux solutions sont employables sans être pleinement satisfaisantes. Vous pouvez également vous pencher sur cette méthode, prometteuse mais que je ne saurais vous recommander par manque de retour en contexte.  

 

Un dispositif screen based. Une simple barre à placer sous un écran.

Mesure de l’activité cérébrales

Il n’est pas question ici de science-fiction, mais de deux technologies bien réelles et éprouvées qui pourraient arriver dans le domaine des tests plus vite qu’on ne croit. L’EEG et le fNIR sont deux technologies qui enregistrent l’activité cérébrale de vos testeurs à l’aide de capteurs placés à la surface de leur crâne. Relativement onéreuses et complexes à manipuler, ces deux technologies permettent d’estimer la charge mentale d’utilisateurs en conditions. Avec les solutions les plus modernes vous pouvez également inférer la nature des émotions qu’ils éprouvent. Vous avez-dit science-fiction ? 

 

Un dispositif EEG moderne 

Capteurs biométriques de base

Retour aux fondamentaux avec deux technologies biométriques venues d’un autre siècle. L’électrocardiographe (ou ECG) consiste à enregistrer la fréquence cardiaque des testeurs. La GSR s’intéresse à la sudation. En mesurant les variations de l’humidité à la surface de la peau des utilisateurs, elle détecte les émotions fortes comme la peur ou l’excitation. Ces deux technologies ne sont clairement pas révolutionnaires, mais elles possèdent quelques atouts. Elles sont peu chères, peu encombrantes et faciles à transporter (la plupart des montres connectées possèdent un système d’ECG). Vous pouvez ainsi évaluer l’impact d’un système en conditions réelles et sur une longue durée. 

 

Un élégant dispositif ECG. 

Reconnaissance faciale et vocale

Nées du croisement entre du matériel hardware simples (micro, caméra) et de l’intelligence artificielle, ces technologies sont en plein boom. Leurs promesses : détecter les émotions des testeurs à l’aide de leurs voix ou de leurs expressions faciales. Autre atout : ces dispositifs sont simples à utiliser et ne vont que très peu impacter le testeur lorsqu’il se trouve en situation de passation. En 2019, ces solutions manquent encore de fiabilité mais leur développement se poursuit à grande vitesse. A surveiller… 

 

L’interface d’un logiciel de reconnaissance émotionnelle.
« Ahaha ! J’adore votre site. Il me rappelle les années 90 

Que réserve la biométrie de demain ?

Tous chercheurs ?

Les quelques techniques présentées n’ont pas toutes atteint le même degré de maturité. Certaines sont déjà employées dans des études, comme les Eye Trackers au sein du Lab WAX. D’autres ne franchiront en revanche jamais le seuil d’une utilisation courante dans notre domaine. Cependant ces nouvelles technologies exigeront de nouvelles compétences aux UX Researcher qui les emploieront. C’est pourquoi je pense qu’il est nécessaire de s’y intéresser dès maintenant, et notamment pour disposer du recul suffisant le jour où celles-ci viendront frapper à notre porte.

Tests en présentiels, une méthode qui a de l’avenir !

Les méthodes de test plus classiques ne sont pas remises en cause par ces techniques d’analyses biométriques. L’explication principale : le test utilisateur en présentiel est la manière la plus spontanée (et la plus simple) d’interagir avec les testeurs. C’est également le mode dans lesquels nous serons le plus à même de prêter attention à leurs émotions, à leur langage non-verbal, etc… En cela le ratio qualité des insights/temps consacré que vous obtenez avec ce type de test reste l’un des meilleurs. Chez WAX Interactive, nous pratiquons le test utilisateur classique quotidiennement. A ce jour leur efficacité ne s’est pas démentie ; nous n’avons pas fini d’en apprendre sur nos utilisateurs !