Facilitation graphique : la parole attrapée au vol

Aujourd’hui plus qu’hier, dans un flux continu d’entrants, nous avons besoin de fixer l’information qui nous concerne. Dans l’environnement qui est aujourd’hui le nôtre, les organisations au travail sont mises à rude épreuve. Et notre attention s’envole à la moindre fenêtre ouverte (Slack, Zoom, Teams, …). Une méthode pour pallier cette faille (en plus de filtrer et fermer les canaux parasites) s’appelle la facilitation graphique : des notes augmentées de dessins ! Ça paraît tellement simple que c’en est suspect.

 

 

 

 

 

Or les résultats sont là : un dessin est mémorisé 3 fois plus rapidement que du texte. Produire soi-même des dessins augmente également cet effet sans qu’il soit nécessaire qu’ils soient « bien faits » (cf Réf. #1). En utilisant les canaux auxquels notre cerveau répond le mieux, l’attention est captée.  

 

La facilitation graphique est en fait un nom de famille

Elle peut se diviser ainsi :

  • Le scribing ou Visual recording consiste à capter de l’oral pour en tirer une expression écrite et dessinée en public

 

 

 

 

  • Le sketchnoting (les Québécois parleront de croquinoter), c’est augmenter ses notes textes de dessins, de manière individuelle

 

 

 

 

  • La modélisation vise à reprendre des données déjà connues et de les structurer dans un document manuscrit et dessiné
  • Le parler-dessiner consiste à se produire à l’oral en sketchnotant en même temps

 

 

 

 

Oui mais vraiment, pour quoi faire ?

 

 

 

 

Nous avons à notre palette déjà tant d’outils : des réunions, des ateliers, des présentations, des conférences, des workshops parfois. Mettre en œuvre de la facilitation graphique est à part. La complexité des idées à exprimer nécessite d’inventer autre chose, et de revenir à une certaine base. Nous avons tous souffert de ces réunions interminables où trop de détails étaient donnés au mauvais moment. De ces ateliers où sous couvert de susciter la participation, des paquets entiers de post-it ont été collés aux murs, où la lecture fastidieuse de rapports pourtant écrits consciencieusement aurait pu être évités. Aucun des émetteurs de ces informations n’ont souhaité ces résultats.

La facilitation graphique propose une approche à la fois ludique et structurante qui permet d’activer les canaux auxquels notre cerveau répond le mieux, pour capter l’attention et susciter la réflexion. La participation et la mémorisation des éléments présentés viennent tout naturellement ensuite.

L’universalité de l’usage en fait également sa force : inutile d’être un De Vinci pour pratiquer. Le niveau de dessin d’un enfant de 5 ans est bien suffisant. J’ai peu rencontré (sinon pas !) de facilitants qui étaient designers comme moi, ils sont coach agiles, PO, développeurs, UX concepteurs, etc. Le passage à l’acte peut tout de même faire peur : pour ma part et en tant que designer graphique, être indulgent avec soi et lâcher prise sur sa production ont été les principales barrières que j’ai dû surmonter. Le reste n’est qu’entraînement et structure : en sachant écrire lisiblement, en sachant tracer des formes simples et structurantes, et en pratiquant l’écoute active, le plus dur est fait.

 

 

 

 

L’un des piliers de la facilitation graphique est la capacité à raconter des histoires : et en pratiquant, on se rend compte que tout peut être prétexte à ça : une histoire possède un début, des étapes, et une fin. La manière dont nous structurons nos discours, nos prises de paroles, nos exposés ne fonctionne pas différemment. En repérant une hiérarchie implicite de tout discours structuré, coller des images simples dessus est un jeu d’enfant. Le support physique qui en résulte redevient précieux, ludique, organique et enthousiasmant (et peut être transmis et réexpliqué).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(cf. Réf. #2 #3 #4 #5 #6). Références #1 Association for Psychological Science (APS). (2018). For Learning, Drawing a Picture May Really Be Worth a Thousand Words. Repéré en ligne sur le site de l’APS à www.psychologicalscience.org/publications/observer/obsonline/for-learning-drawing-a-picture-may-really-be-worth-a-thousand-words.html #2 @romaincouturier #3 @Jan_Gunter #4 @UnPictoParJour #5 playability_de #6 beingvisualwithadam.mystrikingly.com