Vous avez dit crypto ? - 2 : Les crypto-addicts : geeks, hackeurs et milliardaires ?

En 10 ans le monde des cryptos a fait des heureux !

Peut-on parler pour autant d’Eldorado ? Rien n’est moins sûr…  En février dernier, le magazine économique américain de référence Forbes a publié la première liste des milliardaires en Bitcoin et autres cryptomonnaies.

On citera par exemple :

Source : steemit.com

Chris Larsen, (@chrislarsensf) en tête du classement, Co-fondateur & Président Exécutif de Ripple, la troisième cryptomonnaie en termes de capitalisation, derrière Bitcoin et Ethereum. Sa fortune a été estimée à environ 8 milliards de dollars, après avoir atteint en janvier près de 60 milliards de dollars lorsque le prix du Ripple était au plus haut.

 

Le Chinois Changpeng Zhao, alias CZ (@cz_binance). A 41 ans, il a fait la une de l'édition de Forbes sur les « crypto-milliardaires ». Il a bâti sa fortune (estimée entre 1,1 et 2 milliards de dollars) en seulement sept mois. Il est le fondateur de Binance, la première plateforme d'échanges de cryptomonnaies du monde. En août, Binance et le Liechtenstein Cryptoassets Exchange (LCX) ont annoncé leur partenariat (joint-venture) pour fonder Binance LCX, une plateforme d’échange entre cryptomonnaies et monnaies fiduciaires (« fiat »).

Les jumeaux Winklevoss (36 ans) rendus célèbres par leur apparition dans le film The Social Network sur la génèse de Facebook. « Early believers » du Bitcoin, ils ont investi 11 millions de dollars dès 2013. (Ils venaient d'obtenir 65 millions de dollars de dédommagement du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, après avoir clamé être les co-inventeurs du réseau social.) Aujourd’hui, leur fortune issue des cryptomonnaie est aujourd'hui estimée à environ 1 milliard de dollars.

Les frères Winklevoss ont été parmi les premiers à croire à l'avenir du Bitcoin. Source : CRAIG BARRITT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Eldorado ou Far West ?

Si la réputation du Bitcoin est mauvaise, voire sulfureuse, c’est notamment parce qu’il est un support idéal pour le blanchiment et l’évasion fiscale et donc une aubaine pour les mafias. En effet, l’anonymat (relatif) des transactions, l’absence de contrôles et de frontières est idéale pour les trafiquants : les cryptos allient les avantages de l’argent liquide et ceux du paiement en ligne… (N.B : le Bitcoin n’est pas complètement anonyme à l’inverse de certaines cryptos comme Monero (XMR).

Vous avez probablement entendu parler des blacks markets comme Silk Road qui utilisent les cryptomonnaies. (Marché noir du Darknet qui a pour particularité d'utiliser le réseau Tor pour assurer l'anonymat à la fois des acheteurs et des vendeurs, dans le cadre de vente de produits illicites, notamment des stupéfiants). Mais si vous n’êtes pas « cryptomaniac » et/ou « cryptoaddict », vous ne connaissez peut-être pas la triste histoire de James Howells. Cet informaticien britannique est entré dans l’économie de la crypto en février 2009.

Grâce à ses travaux de minage (voir le prochain paragraphe), il a accumulé au fil du temps environ 7.500 bitcoins qui à cette époque ne valaient quasiment rien… Mais si le minage présente le défaut d’être particulièrement énergivore*, il est aussi très bruyant : l’histoire raconte que sa petite amie, ne supportant plus le bruit de ses ordinateurs l’a fait arrêter…

Aujourd’hui le malheureux cherche toujours une solution pour retrouver le disque dur de son portable (d’une valeur d’environ 75 millions d’euros) qui est à la décharge ! Autre fait « noir » et marquant de cette première décennie des cryptos, la faillite de MtGox :  en février 2014, Mark Karpelès, ingénieur français de trente-deux ans, après avoir révélé s'être fait dérober 850.000 bitcoins par des hackeurs (350 millions d'euros à l’époque), dépose le bilan de la plus importante plateforme mondiale d'échange de bitcoins dont il était le dirigeant.

En 2017, la plateforme sud-coréenne Youbit dépose son bilan après un nouveau piratage. Huit mois auparavant, près de 4.000 bitcoins d'une valeur alors estimée à 5,5 milliards de wons, soit 5 millions de dollars, et qui représentaient près de 40 % de ses actifs, avaient été dérobés lors d’une cyberattaque imputée à la Corée du Nord. Quelques heures plus tard, la valeur du BTC aura perdu 3000 dollars (le cours tombe sous les 16.000 dollars de valeur, alors qu’il frôlait les 19 000 dollars 6h plus tôt…).

En 2018, deux plateformes d’échanges japonaises ont été victimes de piratage : après Coincheck qui a perdu 530 millions de dollars en janvier dernier, c’est récemment Zaif qui a été prise pour cible. Dans le hack, elle aurait perdu pas moins de 60 millions de dollars. Le cours des crypto-monnaies n’a cependant pas bougé suite à l’annonce.

Crypto world = hacker world ?

 

Si le monde des cryptos fait la joie de certains pirates qui perçoivent des rançons en monnaie virtuelle, d’autres profitent de sa « portabilité » pour vous les voler. En effet, sur le même principe qu’un bon au porteur, c’est le détenteur du wallet et des clés qui est le seul à pouvoir accéder aux actifs stockés dans ce dernier.   Même si de gros acteurs comme Coinbase ont aujourd’hui les moyens d’offrir des coffres-forts ultra sécurisés, des acteurs comme la société française Ledger (qui se présente comme le leader des coffres-forts virtuels) ont créé des portefeuilles physiques et ultra sécurisés.

 

En mars 2018, Binance a créé le programme Hacker Bounty auquel elle a alloué 10 millions de dollars. Ainsi, la « première personne à fournir des renseignements et des éléments de preuve substantiels qui mèneront à l’arrestation légale des pirates informatiques » pourra récupérer un « bounty » (récompense) de 250.000 dollars qui seront payés avec leur token, le BNB.

 

Beaucoup jouent de la crédulité des internautes, beaucoup d’escrocs ont sévi sur les médias sociaux, notamment sur Twitter. Ils attirent les utilisateurs en se faisant passer pour des personnalités connues comme Elon Musk (PDG de Tesla). Ils font la promesse d’un généreux versement dans une crypto-monnaie, si la personne effectue d’abord un petit transfert de crypto-monnaie à une adresse bien précise…

Si au départ Musk avais pris les scambots à la légère en plaisantant sur leur présence sur Twitter, il ne cache à présent plus son mécontentement et semble bien décidé à s’en débarrasser. Twitter a ajouté une nouvelle règle : toute personne utilisant le nom de Musk comme pseudonyme ou se faisant passer pour lui sera bannie de la plateforme !

En analysant la blockchain Ethereum (le livre de compte public sur lequel on peut tracer toutes les transactions en ethers), on constate que l’arnaqueur a reçu 83 paiements en une douzaine d’heures. Le butin final s’élève à 52,333 ethers soit… 42.801 dollars.

 

 

 

Un monde de geeks à gros PC ?

Le minage est une opération qui consiste à valider une transaction, réalisée, en en cryptant les données et à l'enregistrer dans la blockchain. Les opérateurs, particuliers ou entreprises, qui utilisent la puissance de calcul (de processeurs CPU ou de cartes graphiques de gamers  GPU) pour valider une transaction sont appelés "mineurs".

En pratique, les mineurs utilisent un logiciel pour résoudre un problème mathématique, résolution qui se traduit par la validation d'une transaction. Les problèmes cryptographiques impliqués dans le minage deviennent progressivement plus complexes au fil du temps et, dans le cas du Bitcoin, la quantité que les mineurs reçoivent en récompense de leur activité diminue avec le temps : elle est divisée par deux environ tous les 4 ans (c’est ce que l’on appelle le halvening).

*Le minage est une activité particulièrement énergivore : le bitcoin a eu besoin de 30,25 TWh d’électricité en 2017, soit plus que la consommation nationale du Maroc, du Liban ou encore de la Hongrie, l’équivalent du Nigéria (186 millions d’habitants), à ce rythme il consommera plus que le Danemark (32TWh) et le Qatar (34 TWh) !

RIG MINAGE 10 GPU. Source: Ethereum Community Forum

MINING FARM. Source : Genesis Mining

Retrouvez le 1er volet de la série “Vous avez dit crypto ?