De médecine à télémédecine : quelles transformations au travers du digital ?

Avec l’évolution des technologies (digital, Big Data, développement des applications, ubérisation des pratiques, etc.), plusieurs secteurs ont subi et subissent encore de profonds changements. Celui de la santé et de la médecine n’est pas en reste.

Les premiers pas de la digitalisation de la médecine

Dès 1998, la mise en place en France de la première version de la célèbre carte vitale marque un premier pas de la digitalisation. La carte vitale a permis de mettre à disposition de chacun (patients et professionnels de santé) un moyen de dématérialiser la corvée du remplissage des feuilles de soins et la transmission à l’assurance maladie, et par la même occasion, ce fut un moyen d’accélérer le remboursement des soins. Toujours dans cette démarche de digitalisation, nous avons connu plus récemment la mise en place par l’assurance maladie du DMP, le dossier médical partagé. Le DMP est l’équivalent d’un carnet de santé numérique permettant de conserver et de sécuriser les informations de santé en ligne (traitements, résultats d’examens, allergies...) et de pouvoir les partager avec les professionnels de santé. Mais à mon sens, ce qui a réellement permis de transformer la pratique de la médecine et l’accès aux soins fut la mise en place d’un cadre juridique pour la télémédecine, au travers de l’article 78 de la loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 dite « HPST » (hôpital, patients, santé et territoires) par le gouvernement français.

La télémédecine, qu’est-ce que c’est ?

Selon les articles de loi, la télémédecine est « l’exercice de la médecine via les nouvelles technologies d’information et de communication ». C’est la pratique de la médecine à distance, permettant de mettre en lien des professionnels de santé entre eux ou en lien directement avec leur patient. Cinq actes de télémédecine sont ensuite définis dans le décret n°2010-1229 du 19 octobre 2010 :

  • La régulation médicale, que l’on connait tous via l’activité du 15. Un médecin réalise un premier diagnostic du patient et l’oriente vers la prise en charge la plus adaptée. Celle-ci se fait majoritairement par téléphone, mais récemment, l’application mobile gratuite « MY 15 » permet :
    • La mise en contact directe avec les urgences
    • La géolocalisation avec une précision de moins de 10 mètres
    • L’envoi de photos, si le médecin régulateur des urgences en fait la demande, afin de mieux évaluer la gravité de la situation.
    • L’accès au dossier médical et l’intégration de photos et d’informations personnelles concernant les spécificités du patient, ainsi que les données administratives (identité, numéro de téléphone, nom du médecin traitant…).
  • La téléconsultation, qui permet à des patients seuls ou accompagnés par des professionnels santé de consulter à distance un médecin par l’intermédiaire d’outils technologiques. Le médecin peut ainsi réaliser une évaluation globale du patient via des appels téléphoniques, appels en visio ou messages électroniques, et poser un diagnostic. Grâce aux sites internet et applications mobiles dédiés, les patients disposent d’un docteur facilement accessible et les professionnels de santé ont plus de flexibilité dans leur pratique.
  • La téléexpertise, qui permet cette fois ci à un professionnel médical de solliciter à distance l’avis d’un ou de plusieurs médecins par l’intermédiaire des technologies de l’information et de la communication. C’est d’abord un acte médical et une action asynchrone (patient et médecin ne se parlent pas). Cela concerne deux médecins pendant ou à distance de la consultation initiale.
  • La télésurveillance, qui correspond à la possibilité pour un professionnel médical d’interpréter à distance et en temps réel des données recueillies sur le lieu de vie du patient. Celle-ci se tend à se démocratiser via l’IoT et le développement de dispositifs médicaux connectés, ce qui à l’avenir peut davantage donner de l’autonomie aux séniors et potentiellement libérer des lits d’hôpitaux.
  • La téléassistance, a pour objet de permettre à un professionnel médical d’assister à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte. L’exemple le plus marquant fut l’opération Lindergh réalisée dès 2001 où une patiente, hospitalisée au CHU de Strasbourg, a subi une ablation de la vésicule biliaire, alors que le chirurgien se trouvait à New York.

Avec l’évolution des télécommunications et l’amélioration des débits via la 5G, ce genre de pratiques se multiplient. Nous observons déjà un changement dans la relation patient/médecin, et avec le vieillissement de la population, la démocratisation du smartphone et des objets connectés (dispositifs médicaux connectés), ainsi que l’essor de la data, les opportunités d’innovation dans le secteur de la santé sont énormes. Les investissements pourront atteindre 410 milliards de dollars en 2022 selon le cabinet Grand View Research.