La pharmacie dans votre poche : 3 concepts montants aux Etats-Unis

En 2016, le marché américain de la distribution de médicaments en pharmacie représentait plus de 263 milliards de dollars, montant réalisé par 70.000 établissements pharmaceutiques.

En 2020, le marché devrait atteindre les 300 milliards de dollars. Il existe des opportunités considérables dans ce secteur qui est resté longtemps la propriété d’acteurs de la distribution physique tels que CVS, Duane Reade ou Walmart. De nombreuses start-up développent des solutions mobiles afin de transformer totalement les processus d'échange d’informations avec les professionnels de la santé et les processus de livraison de médicaments. 

 

La pharmacie à domicile avec Capsule 

C'est l'opportunité qu’exploite Capsule, une start-up spécialisée dans l’e-business, qui a débuté ses activités en 2015 et dont le service est actuellement opérationnel à New York. Elle propose la livraison gratuite de médicaments sur ordonnance, le jour même et en deux heures. Son équipe de pharmaciens est accessible par SMS, par e-mail ou par téléphone.  La start-up, qui a levé 20 millions de dollars en 2017, répond à plusieurs problématiques majeures pour le client : le temps d’attente et l’indisponibilité des produits (dans 40% des cas, le produit désiré n’est pas en stock lors du passage du client). De plus, le client n’a généralement aucune idée du montant qu’il va payer lors de son passage en caisse. Enfin, Capsule vise à répondre au plus grand problème actuel, à savoir l’accès à l'information sur les médicaments prescrits. 

 

 

Capsule met à disposition une application mobile qui répond à ces problématiques du quotidien. Lors du rendez-vous chez le médecin, il suffit au patient de lui signaler qu'il utilise Capsule qui recevra électroniquement son ordonnance. L’utilisateur peut alors convenir de la livraison gratuite en deux heures. Capsule possède des stocks à New-York ainsi qu’un outil interne puissant d’analyse prédictive permettant de connaître les médicaments les plus demandés et ainsi d’éviter les ruptures de stock. De plus, l’utilisateur connaît à l’avance le montant à payer grâce au catalogue de Capsule et à sa connaissance des différents assureurs américains. Enfin, la start-up propose le service qui la place dans "la troisième vague du commerce électronique" : le mélange de l’humain et de la technologie. En effet, son service de communication avec son réseau de pharmaciens offre la possibilité de poser toutes les questions au sujet d’une prescription à distance et en toute discrétion.

 

Roman : discrétion assurée grâce à la livraison à domicile

Dans certains cas, les patients masculins peuvent ressentir une certaine gêne à aller récupérer leur prescription en pharmacie. L’exemple le plus simple est bien sur celui des médicaments pour traiter les troubles érectiles chez les hommes. La start-up Roman s’est fondée à partir de ce constat et réinvente complètement le processus de prescription pour les patients confrontés à ces situations de gêne. Les patients remplissent les informations nécessaires à propos de leurs antécédents médicaux dans le cadre de la visite médicale en ligne proposée par Roman. Ces informations sont transmises en toute sécurité à un médecin pour examen. S'ils sont identifiés comme candidats pour un traitement de la dysfonction érectile, ils peuvent obtenir instantanément une ordonnance comprenant des produits de grande marque ou des médicaments génériques.

 

Quand le client reçoit sa prescription, les préparateurs de Roman emballent les pilules par dose de sorte que le client prenne la bonne quantité. Une consultation en ligne via la plateforme Roman coûte 15$ ; les marges sont réalisées grâce au volume et à l’absence des frais généraux de la pharmacie de détail. La rapidité et la facilité du système pourraient dissuader les hommes d'acheter des traitements en ligne à cause de la contrefaçon.

Seulement 30% des hommes suivent un traitement du dysfonctionnement érectile et 80% des marques les plus achetées en ligne sont des contrefaçons. C’est pourquoi les investisseurs pensent que Roman peut considérablement améliorer l'expérience des hommes en termes de santé. Roman emploie à ce jour 20 médecins et les formulaires d'admission en ligne éliminent une grande partie du temps perdu d’ordinaire par les médecins lors des consultations en cabinet. Ces systèmes d'automatisation signalent les problèmes tout en rationalisant les approbations ou les refus évidents afin que les médecins puissent se concentrer sur des cas plus complexes. Les patients se font généralement prescrire quatre à dix doses par mois, pour un montant de 2$ à 65$ par dose, selon qu'ils achètent des médicaments de marque ou génériques. Mais pour combattre les abus, Roman n'envoie pas plus de 10 doses par mois.

 

Et les points de vente physiques ?

Les pharmacies “bricks and mortar” essayent de digitaliser leurs offres pour contrer ces nouveaux entrants sur le marché. Ainsi WalMart et CVS développent leurs offres mobiles pour conserver leur clientèle connectée. WalMart gère 4500 pharmacies aux Etats-Unis. Pour s’assurer que les clients viennent bien retirer les médicaments prescrits, le distributeur a ajouté une option « pharmacie » dans son application mobile grand public afin de leur permettre de partager leurs ordonnances avec le point de vente et de les renouveler facilement.

Cependant, ce type de service risque d’isoler WalMart des clients n’ayant pas de moyen de locomotion ou habitant loin d’un point de vente. WalMart est ainsi en négociation afin d’acquérir PillPark, une start-up spécialisée dans le dosage et la livraison de médicaments directement chez le client. Ainsi, les points de vente physiques pourraient disposer d’une offre complète sur place et pour la livraison à domicile.

Pour sa part, la chaîne CVS distribue des produits pharmaceutiques, de soin et cosmétiques à la population américaine depuis plus de 50 ans, et s'est toujours efforcée de rester à la pointe de la technologie. Offrir aux clients une méthode simple et pratique afin de renouveler leurs prescriptions en utilisant l'application mobile CVS n'est qu'un exemple parmi d’autres. Au lieu de devoir conserver des prescriptions sur papier, les clients peuvent sauvegarder toutes leurs ordonnances sur smartphone. Ils peuvent ensuite utiliser le système baptisé ScriptSync pour synchroniser leurs recharges afin qu'elles soient toutes récupérées le même jour. Cela évite aux personnes malades de se déplacer plusieurs fois en point de vente ou d'attendre longtemps dans la file d'attente. Selon CVS, le passage à ScriptSync a permis d’accroître l'adhésion des clients au service de plus de 6%.

De plus, l’application mobile permet d’avoir accès à toute une série d’offres promotionnelles et d’informations sur les médicaments et leurs contre-indications.

 

 

Le développement de ces applications est rendu possible du fait que les Américains donnent leur consentement pour la création de dossiers médicaux électroniques notamment grâce à la plateforme EPIC. Le logiciel Epic est la solution de dossier de santé électronique la plus utilisée aux États-Unis. Les données médicales de plus de 50% des patients américains (soit plus de 190 millions d’individus) y sont stockées, ce qui permet aux médecins d’envoyer directement l'ordonnance électronique aux pharmacies, fluidifiant ainsi le processus de renouvellement des ordonnances.