Sécurité alimentaire : les supermarchés chinois ont recours à la Blockchain

En Chine, de nombreux scandales liés à la contrefaçon alimentaire et aux fausses certifications ont détérioré la confiance des consommateurs dans les produits achetés en supermarché.

Alors que les consommateurs chinois plébiscitent progressivement les aliments biologiques et plus sains, trouver une solution pour assurer plus de sécurité alimentaire est devenu un enjeu majeur pour les industriels et les distributeurs. C’est dans ce contexte qu’Alibaba s’est intéressé à la Blockchain. Le groupe a commencé à intégrer cette solution dès 2016 pour retracer l’origine des aliments à travers ses supermarchés Hema et sa plateforme e-commerce de produits frais Yiguo.  

Une traçabilité des produits alimentaires rendue possible grâce à la Blockchain

40% des entreprises du secteur agroalimentaire mondial considèrent l’approche traditionnelle de certification comme insuffisante, et 39% d’entre elles sont conscientes que leurs produits peuvent être facilement contrefaits (PwC, 2018). LBlockchain a donc un réel potentiel pour garantir aux consommateurs une traçabilité sûre et irrévocable, et résoudre les problèmes de sécurité sanitaire des enseignes du secteur.

 

Source : Alizila.com

En 2016, Alibaba lançait le premier supermarché connecté Hema, dont l’une des principales innovations est la possibilité pour le client de scanner le QR code du produit via l’application mobile de l’enseigne lorsqu’il fait son shopping en magasin, ou à la réception de son achat dans le cas du shopping en ligne. Il a ensuite accès aux informations suivantes :

  • La localisation du produit et sa température tout le long du processus de livraison 
  • Le nom du producteur
  • Les photos des licences et timbres gouvernementaux qui certifient les distributeurs
  • Les certificats et labels alimentaires
  • Les pesticides et produits chimiques utilisés dans les cultures

A ce jour, le système permet de faire le suivi de produits variés qui incluent la viande, les fruits de mer, le riz, le tofu, le soja, les fruits et légumes, la volaille, les œufs, les produits laitiers, les huiles de cuisson et les compléments alimentaires. Chaque produit est lié à un code qui lui est propre, de sorte que l'information fournie soit spécifique au produit même, et non au lot dont il faisait partie. Le système regroupe les agriculteurs, les artisans, les industriels, les livreurs, les distributeurs, les organismes certificateurs et les consommateurs sur une même plateforme, afin de fournir la meilleure transparence possible. La plateforme publique disponible à tous permet d'intégrer en temps réel les informations concernant les changements de mains des biens entre les différents acteurs de manière claire et honnête.

En plus d'établir la traçabilité du produit à chaque étape de son parcours sur la chaîne de distribution, l'implémentation de la Blockchain facilite aussi la gestion des retours. Il en effet devient possible d'identifier et de localiser les produits qui doivent être remplacés. Un processus habituellement cher et compliqué qui cause de nombreuses pertes physiques et économiques.

Le système est rendu possible car un nombre croissant de marques adoptent la technologie Blockchain et se plient au processus de traçabilité.

Des acteurs de l’agroalimentaire adoptent la technologie

Afin de rendre la Blockchain réellement efficace et digne de confiance, plus le nombre d’acteurs est grand, plus la traçabilité peut être précise. Cela a abouti à la formation d’alliances et de consortiums en Chine, créés entre les principaux distributeurs, les entreprises de livraisons, les entreprises technologiques et les supermarchés qui adoptent la Blockchain à l’échelle internationale.

Par exemple, le Food Trust Framework (Alibaba) est un consortium dont les membres souhaitent suivre les aliments produits en Chine et garantir les imports internationaux en provenance d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Il regroupe depuis 2018 : 

  • Tmall international, soutenu par la plateforme e-commerce Alibaba à l’origine de l’initiative  
  • Fonterra, une coopérative néo-zélandaise pour les produits laitiers qui regroupe 10 000 fermiers 
  • New Zealand Post, le service postal néo-zélandais 
  • Blackmores, une entreprise australienne spécialisée dans les compléments alimentaires  
  • Australia Post, le service postal australien

A la dernière étape de la chaîne de distribution, et en contact avec les consommateurs, ce sont les supermarchés d’Alibaba qui adoptent la technologie au travers de leurs canaux :

  • Yiguo : le site chinois de distribution alimentaire en ligne compte 5 millions de clients et plus de 1000 entreprises qui peuvent désormais retracer l’origine de leurs produits achetés en ligne.
  • Hema (Freshippo) : l’application mobile de l’enseigne permet à ses consommateurs d'accéder aux informations avant leur achat en magasin.

La Blockchain Food Safety Alliance lancée en 2018, en Chine également, est l’association à l’origine de quatre acteurs principaux  

  • Walmart : le distributeur américain compte 500 magasins en Chine et avait annoncé en 2019 en ouvrir de nouveaux pour doubler ce nombre 
  • JD.com : la principale plateforme e-commerce concurrente d’Alibaba, plus spécialisée dans les produits électroniques
  • Tsinghua National University : le centre de recherche de l'université de Beijing, avec une expertise en gestion de blockchain et de l'écosystème alimentaire chinois
  • IBM : l’entreprise de logiciel derrière le développement de la plateforme Blockchain IBM Food Trust

Plus qu’une alliance, le réseau de confiance alimentaire d’IBM (IBM Food Trust) qui se base sur l’utilisation de la blockchain d’IBM a été adopté mondialement par des distributeurs et enseignes comme Carrefour, Kroger, Dole, Tyson Foods, Nestlé et Unilever qui contribuent au développement constant du nombre de produits ajoutés au système.

 

 

 

Source : IBM[/caption]

 

Regagner la confiance des consommateurs en éliminant leurs inquiétudes

La fraude alimentaire est un défi mondial. Selon une recherche de la Michigan State University, les aliments contrefaits représentent 40 milliards de dollars chaque année, ce qui fait de l'implémentation de ces systèmes de traçabilité un atout clé. Comme mentionné plus haut, l'immutabilité de la traçabilité permet la détection de faux ingrédients, ce qui crée plus de confiance dans les échanges internationaux de produits alimentaires et la production locale. Cela permet de résoudre les cas de contamination alimentaire, puisque le produit peut être identifié rapidement sur la blockchain et immédiatement retiré des ventes.

Enfin, en utilisant la technologie pour rebooster la confiance des consommateurs dans les informations et labels présents sur les emballages, les distributeurs peuvent garantir la fourniture de produits authentiques, accroître leurs ventes et gagner un nouvel avantage compétitif. C’est le début d’un nouveau mode de distribution, plus juste, transparent et axé sur les préférences du consommateur.

Le système de traçabilité chinois a vu grandir son nombre d’adopteurs depuis son lancement en 2018. Des distributeurs et marques internationales rejoignent la plateforme pour créer et renforcer ensemble un réseau de traçabilité mondial, pour décourager les fraudes et promouvoir la sécurité alimentaire dans les échanges locaux et internationaux.

Parmi ses usages, la Blockchain s’intègre également dans les chaînes de distribution par les industriels et les distributeurs. Il s’agit là clairement d’un cas d’usage au potentiel économique puissant ; nous ne sommes plus si loin d’un système de traçabilité complet, du lieu de production à l’assiette du consommateur pour la majorité des aliments produits dans le monde.